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« Partir un jour » d’Amélie Bonnin, quid du retour ?


Synopsis : Le bac en poche, Julien a quitté sa ville natale pour se construire une vie plus grande à la capitale, laissant ses souvenirs derrière lui. Et puis un jour, il faut revenir, et ce jour-là ses souvenirs lui sautent au visage, entre deux paquets de Pepito.

Avec Partir un jour, Amélie Bonnin a effectué une percée plus que remarquée dans le monde du cinéma de fiction : son court a récolté de nombreuses sélections en festival, a reçu le Prix du public en compétition nationale au Festival de Clermont-Ferrand et celui de la Critique au festival Off-Courts à Trouville… et, bien sûr, a remporté les César 2023 en Meilleur court-métrage de fiction !

Accompagnée de Juliette Armanet, de Bastien Bouillon (César du meilleur espoir 2023) et de Dimitri Lucas, son co-auteur, la réalisatrice quitte le documentaire pour ce court métrage de fiction frais, original et juste. Partir un jour, certes, mais que se passe-t-il quand on revient? Quand grandir et s’en aller pour vivre ses propres expériences semble évident, le retour aux sources peut-être tumultueux et raviver des sensations oubliées depuis longtemps, mais pas forcément celles qu’on croit… 

Cette comédie romantique et musicale retranscrit le bruit que fait le passé en rattrapant le présent, le choc des retrouvailles entre ceux qui restent et ceux qui s’en vont. Chaque détail est travaillé par Amélie Bonnin : du choix juste des chansons en passant par un générique à la typographie style karaoké jusqu’au travail esthétique visant à retranscrire les enjeux du scénario. Partir un jour excelle dans sa capacité à représenter le contraste entre espoirs et souvenirs passés : d’abord dans une reprise des 2 be 3, les personnages qui s’en vont chantent l’espoir que fait naître ce nouveau départ tandis que Julien est rattrapé par une esthétique aseptisée, froide dès son arrivée dans sa ville natale. C’est dans un registre années 90/2000 que les protagonistes vont exprimer leurs états d’âmes tout au long de l’histoire, Le chant prend alors le relais de mots qui ne sortent pas avec une musique en intradiégétique, inclue dans le récit, directement chantée par les personnages. 

L’esthétique terne du retour de Julien prend un tournant plus heureux lorsque les personnages principaux se retrouvent dans un supermarché, revenir n’est soudain plus si pénible et les couleurs reprennent petit à petit une place à l’écran. Les plans neutres sont remplacés par des compositions plus audacieuses et poétiques, les décors prennent vie à mesure qu’ils se demandent : que se serait-il passé s’ils avaient ouvert leurs cœurs avec moins de retenue 10 ans auparavant ? “Il ne suffit pas de quitter les choses pour qu’elles nous quittent”, c’est la leçon qui va sauter aux yeux de Julien et Caroline. Partir un jour c’est avant tout l’histoire de deux êtres qui sont passés à côté l’un de l’autre et qui revivent leur jeunesse le temps d’une soirée, dans une piscine, avant de devoir à nouveau s’oublier. Si “l’amour n’a pas de mémoire”, il se transforme et il en faut peu pour le raviver. 

Pauline G.

>> Partir un jour (2021), 24″ est actuellement disponible sur Canal+


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